Dakar, c’est doux, quand tu as de l’argent…
Je vis à Dakar et j’entends souvent des phrases comme :
- ‘’Je vais faire mes courses à la fin du mois parce qu’il n’y a personne dans les magasins, les gens n’ont plus d’argent’.’
- ‘’C’est plus facile de circuler dans Dakar à la fin du mois, les gens n’ont plus l’argent pour l’essence donc il y’a moins de voitures sur les routes.’’
- ‘’C’est plus agréable d’aller au restaurant à la fin du mois, il y’a moins de monde. ‘’
Je n’ai pas ce genre de réflexe et je ne me suis pas posé ce type de questions mais la réalité du pays dans lequel je vis et probablement de bien d’autres.
Pour moi, ce qui détermine l’affluence dans les magasins ce sont plutôt les horaires où les gens sont disponibles dans la journée (par exemple en fin de journée) et le fait qu’on soit en week-end. J’évite d’être dans la circulation lorsque tout le monde va au travail ou en revient.
Quand il s’agit d’aller au restaurant, bon, je mange aux mêmes heures que les autres donc c’est un peu plus compliqué.
Je me rends donc compte que la période du mois va déterminer le fait que les gens aient de l’argent ou pas et affecter les facteurs les plus anodins liés à leur quotidien.
Les gens ne gèrent pas leur argent, c’est leur argent qui les gère
Bien sûr je sais qu’il y’a des périodes du mois où c’est plus facile pour les gens de sortir de l’argent parce qu’ils en ont et que dans le monde du salariat les gens sont payés entre le 25 et le 5. De ce fait, si on veut leur proposer une formation, un évènement, un achat important, il vaut mieux le faire autour de cette période. Mais pour moi, c’est lié au fait que ce sont des dépenses exceptionnelles, elles n’étaient pas prévues à l’origine, elles n’étaient pas dans le budget.
A minima, faire les courses pour sa famille et se déplacer pour aller travailler font partie des dépenses qui sont censées être prévues au budget.
Eh bien, la réalité c’est que les gens, pour la majorité d’entre eux, ne font pas de budget ! Et ceux qui font un budget ne le respectent pas.
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Les gens ne gèrent pas leur argent, c’est leur argent qui les gère. Beaucoup diront qu’ils ont un problème d’argent alors qu’ils ont un problème de discipline.
L’essentiel des personnes qui liront cet article et probablement toi également, ont étudié et ont appris à gagner de l’argent. Tout au moins, nous avons appris à développer des compétences que nous pouvons monnayer sur le marché du travail. Mais une fois que cet argent arrive dans nos poches, on ne nous apprend pas réellement quoi en faire et comment en faire un allié.
Nous croyons ne pas en avoir assez et nous nous retrouvons dans un engrenage infernal, à chercher à en avoir encore et toujours plus alors que la solution est souvent beaucoup plus simple et significativement moins épuisante.
A titre d’exemple, lorsque je vivais en France, comparativement à la moyenne nationale, je gagnais plutôt bien ma vie et beaucoup de mes amis également, notamment ceux qui avaient fait une Grande École de Commerce comme moi. Cela n’empêche qu’il pouvait arriver à certains d’entre eux de se retrouver dans une position délicate à la fin du mois, lorsqu’il fallait faire face aux échéances de la vie courante. Pourquoi ? Parce que par ailleurs, ils avaient mené la belle vie, sans se poser de question et sans tenir compte des engagements liés à ce qui devrait être leur priorité. Leur attention n’était pas au bon endroit. Il arrivait même que certaines personnes qui seraient enviables aux yeux de bien d’autres aient recours à des emprunts pour soutenir leur train de vie, bien qu’elles ne soient pas handicapées par le poids d’un prêt étudiant.
D’un autre côté, il y a ceux qui se donnent pour mission de régler les problèmes de tous ceux qui les entourent avant de penser à régler les leurs, à cause de la pression sociale et du qu’en dira-t-on ? Ils sont prêts à se saigner pour les autres et à faire pour eux, ce que ces derniers ne se donnent pas les moyens de faire pour eux-mêmes. Ils n’ont pas appris qu’il fallait mettre son propre masque à oxygène avant d’aider l’autre à mettre le sien, sous peine de se retrouver tous les deux en danger. Et ils se demandent pourquoi ils se retrouvent asphyxiés avec le sentiment d’être pris à la gorge tout au long de leur vie. Pourtant, ils ont largement mérité le droit de l’apprécier.
Ton problème, ce n’est pas que tu es « pauvre »
Tu connais certainement aussi des gens qui gagnent significativement moins que toi mais qui n’ont jamais de problème d’argent. La scolarité des enfants est toujours payée à temps, leur bailleur est ravi de les avoir comme locataire parce qu’il n’a pas à leur courir après, il y a toujours de quoi manger dans leur réfrigérateur ou a minima dans leur maison. Ils sont moins stressés, plus détendus que toi au quotidien et ont parfois même l’air plus heureux.
Alors, non, ce n’est pas parce que les gens sont pauvres qu’ils ont des problèmes d’argent. Non, ce n’est pas parce que nous sommes en Afrique que je peux observer cette réalité économique (elle se manifeste autrement sous d’autres cieux). Oui, il y a des gens pauvres pour qui la vie est dure au quotidien et on ne peut pas leur en vouloir. Mais ce n’est pas ton cas. Toi qui lis cet article aujourd’hui, si tu as des problèmes d’argent, tu as certainement des questions à te poser. Je peux comprendre que tu veuilles plus dans ta vie et que tu veuilles mieux pour ta famille, mais je ne peux pas comprendre que tes poches soient vides à la fin du mois et que tu te demandes comment répondre à tes besoins primaires…
Quel que soit ton niveau de revenu, tu as la possibilité de t’organiser pour en tirer le meilleur parti et faire en sorte que si tu dis « non » à une opportunité (d’achat, de loisir, de formation) ce soit parce que ce n’était pas prévu à ton budget et pas parce que c’est la vallée de la mort AKA la fin du mois.
PS : Ton budget est aussi censé laisser de la place pour que tu puisses saisir des opportunités imprévues, lorsque cela fait sens pour toi.
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